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Séminaire d’économie de Bordeaux

 

Quentin Chapus

(LAM, Sciences Po Bordeaux)

 

When farmers face platform capitalism : permissive consensus versus latent resistance 

Quentin Chapus (LAM, Sciences Po Bordeaux), Pierre Labarthe (INRAE), Julien Brailly (ENSAT), Cédric Calvignac (INUC), Victor Potier (Gustave Eiffel) et Eleonore Schnebelin (INRAE)

 

 

Résumé : 

Les agriculteurs français résistent-ils au capitalisme de plateforme? C’est la question que pose notre article, à partir d’une enquête originale, mêlant matériaux qualitatifs et quantitatifs, portant sur les usages des plateformes numériques chez les agriculteurs en France (Projet ANR PADAC). Dans la continuité des travaux de Thelen et Culpepper (2020), nous questionnons l’existence d’un permissive consensus, c’est à dire un accord tacite entre la plateforme et ses usagers afin de faire pression sur les pouvoirs publics, à la base de ce que Thelen et Culpepper appellent le « pouvoir de plateforme ». 
Le cas du secteur agricole français se prête bien à une étude de ce type : d’une part car les initiatives de plateformes sont nombreuses à émerger récemment dans le secteur (plateformes de financement, d’achat de matériel, de recrutement, de conseil, etc.) malgré l’existence d’institutions historiquement fortes remplissant déjà les mêmes fonctions (CUMA, syndicats, chambres d’agriculture, etc.)  ; d’autre part car les agriculteurs ont un profil intéressant, à la fois consommateurs finaux et professionnels, se situant souvent sur les deux faces des plateformes. Nous nous focalisons dans cette étude sur les plateformes d’achat/vente de matériel (tracteurs, petit équipement, etc.), dont la configuration de marché est aujourd’hui particulière : un acteur emblématique du capitalisme de plateforme (possédant aussi, entre autres, le site Ebay) domine le marché mais une plateformes créée par et pour les agriculteurs résiste. Là où les théories standards prévoiraient une situation de type winner takes all ou un raccordement multiple, nos données montrent qu’environ un tiers des agriculteurs enquêtés utilisent exclusivement la plateforme créée par les agriculteurs. Nos analyses montrent que le fait d’être intégré dans les institutions historiques du secteur (avoir ou avoir eu un mandat dans ces organisations) est associé à une probabilité plus élevée d’utiliser uniquement cette plateforme concurrente, ce que nous pouvons caractériser comme une forme de résistance à la pénétration d’acteurs extérieurs au secteur. Nous montrons toutefois que lorsque les incitations économiques à utiliser la plateforme dominante sont trop fortes, cette résistance tend à disparaître. Nous proposons ainsi de parler de résistance latente, qui repose davantage sur des logiques professionnelles, peu conscientisées (faire communauté, rencontrer les « bons agriculteurs ») que sur des motifs plus politiques (opposition au capitalisme de plateforme), permettant de nuancer l’idée de permissive consensus

 

 

 

– Séminaire organisé par le programme 3 / BSE –

 

 

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