Alain Létourneau
Professeur titulaire, département de philosophie et d’éthique appliquée, Université de Sherbrooke
Les défis épistémologiques et moraux du « problème pernicieux »
de nos rapports aux écosystèmes
Cette communication présume que notre situation complexe et difficile de défis à la fois environnementaux et sociaux est minimalement connue, au moins dans ses grandes lignes. Je pense ici à l’intrication de problèmes entremêlés concernant la déliquescence du climat, la perte de biodiversité, la diffusion continue de produits toxiques dans l’environnement, sans oublier la dégradation des sols notamment agraires et les mouvements populationnels. En fait cette complexité est plus élevée que ce qui est décrit comme « wicked problems » dans une littérature maintenant abondante (cf Roberts, N., International Public Management Review, 2000). Dans un premier temps il s’agira de s’arrêter sur quelques difficultés épistémologiques et morales, ce qui devrait aider pour en venir à un cadre théorique susceptible de mieux penser et agir. Le recours à la théorie des communs (depuis Ostrom, E., 1990, 2005) pourrait être une manière de les envisager, non toutefois sans soulever de nouvelles difficultés. Plutôt que d’attaquer ici la question de l’ordre cosmopolitique comme possible candidat de l’agentivité environnementale (alors que les problèmes sont souvent localisés), je me contenterai de revenir sur un lieu commun du discours public considéré comme figure argumentative : le recours à l’inaction de certains pour justifier l’inaction de plusieurs, avec quelques variantes populaires. Mieux comprendre ce genre de dispositif argumentatif semble un pas important à franchir pour en éviter les pièges, qui peuvent se déployer à plusieurs niveaux de la vie sociale.
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