Programme 3  (DVI) / Développement, Villes, Inégalités

responsable : Claire Gondard-Delcroix
responsable adjoint : Guillaume Pouyanne

Le programme « Développement, Villes, Inégalités » (DVI) s’attache à l’analyse des problématiques de développement économique et social, des dynamiques urbaines et territoriales, des comportements individuels et des inégalités. Une grande partie des recherches menées dans le cadre du programme met l’accent sur les spécificités des économies en développement.

La diminution de la pauvreté est un processus enclenché depuis plusieurs décennies mais les enjeux de développement restent importants. Ils touchent à tous les aspects de la vie (la santé, l’alimentation, le bien-être, l’équité, la liberté, la sécurité, etc.) ainsi qu’aux environnements humains et aux bouleversements de l’anthropocène (urbanisation, adaptation au réchauffement climatique, migration, etc.). Le programme DVI propose un agenda de recherche construit autour de ces enjeux et questionnements et regroupe deux des thématiques historiques de l’économie à Bordeaux : l’économie du développement et l’économie spatiale et urbaine.

Les chercheurs bordelais en économie du développement ont acquis une visibilité importante au cours des dernières années sur l’analyse des comportements, l’économie de l’agriculture, l’étude des inégalités et de la stratification sociale, l’économie de la famille,

l’analyse des activités informelles ou l’évaluation des politiques de redistribution, pour ne citer que quelques exemples. Ces travaux portent sur des terrains d’étude très diversifiés : Afrique (Sénégal, Ethiopie, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Madagascar, etc.), Amérique Latine (Brésil, Colombie, Mexique, etc.) et Asie (Chine, Inde, Népal, Vietnam, etc.).

Issus d’une longue tradition bordelaise en Economie Régionale, les trois thèmes de recherche développés en Economie Spatiale et Urbaine sont : le développement régional et urbain, des villes petites et moyennes aux métropoles, l’économie foncière et immobilière et l’économie de la mobilité, tant du point de vue des comportements individuels que des politiques de mobilité durable. Ces thèmes, développés dans une approche d’économie appliquée, ont vocation à être étendus aux dynamiques urbaines dans les pays du Sud.

Enfin, le programme bénéficie de l’apport de spécialistes en économie normative/éthique et en économie psychologique et comportementale, ce qui conduira notamment à l’exploration collective de nouveaux champs comme le rôle des normes socio-culturelles et des relations de pouvoir dans les comportements individuels et collectifs.

Le programme scientifique du programme DVI se structure autour de trois axes de recherche, non exclusifs.

Cet axe s’intéresse tout d’abord au comportement des ménages et des individus ainsi qu’à leur bien-être. Il s’agit premièrement de mesurer les inégalités de ressources et de bien-être au sein des ménages et entre ménages dans divers contextes culturels. Cet axe vise aussi à comprendre les mécanismes d’adaptation des ménages aux chocs (climatiques, économiques, etc.) et les déterminants de stratégies compensatoires telles que la migration, les envois de fonds, le travail des enfants, les changements importants en termes de nutrition et de recours au soin, etc. En plus d’analyser les facteurs affectant objectivement les décisions des ménages, les recherches conduites portent également sur le rôle de la perception individuelle (vis-à-vis des risques environnementaux, par exemple), le rôle médiateur des émotions (peur, anxiété, culpabilité, etc.) et celui des biais comportementaux et de la culture. Sur ce dernier point, les travaux de l’équipe s’intéressent à l’impact des normes socioculturelles et informelles (incluant les valeurs, normes de genre, normes ethniques, etc.) sur les choix économiques des ménages. L’équipe poursuit également son travail sur le rôle des normes règlementaires ou des labels (dans le contexte agricole par exemple). Enfin, un ensemble de recherches a pour objectif d’étudier les relations de pouvoir, conflits de représentation et jeux d’acteurs à différentes échelles d’analyse (micro, méso, macro) et de comprendre leur influence dans la formation des politiques publiques.

Les travaux conduits dans l’axe « Villes et Territoires » relèvent de l’Economie Spatiale et Urbaine, et couvrent de nombreux enjeux contemporains liés au développement urbain : ville durable, smart city, résilience territoriale… Les questions abordées relèvent principalement de trois champs :

Le développement régional et urbain. L’étude des systèmes urbains, et de leur stabilité dans le temps, nécessite de s’interroger sur les conditions du développement urbain et régional. Cette question très large peut être appliquée aussi bien aux grandes métropoles, lorsque l’on s’intéresse par exemple au rôle d’un secteur particulier dans l’économie métropolitaine, qu’aux villes petites et moyennes, pour lesquelles les enjeux de développement sont absolument cruciaux. De façon plus générale, ces travaux conduisent à interroger les notions d’attractivité et de dynamisme économique au prisme des grandes évolutions contemporaines, notamment la crise sanitaire.

L’économie foncière et immobilière. Bien que la question du logement soit au cœur des préoccupations citoyennes contemporaines, elle a été délaissée par la recherche française en sciences économiques depuis la fin des années 1970. Ce paradoxe, allié au besoin nettement exprimé des collectivités locales de disposer d’une expertise solide sur ces sujets, a amené les chercheurs de cet axe à développer des travaux en économie foncière et immobilière dans plusieurs directions : d’abord celle de l’inscription des inégalités sociales dans l’espace urbain, à travers l’étude de la ségrégation urbaine ; ensuite, celle de l’articulation des différents marchés du logement, en s’interrogeant sur le rôle de la location courte durée sur les marchés locaux ; enfin, l’intégration des risques liés au changement climatique dans les décisions d’achat des agents.

L’économie de la mobilité. La mobilité urbaine est une dimension essentielle de la ville durable. Les travaux dans ce domaine relèvent à la fois de la modélisation des flux de déplacement dans la ville, renouvelée par l’accès à des données de géolocalisation sans cesse plus fines et détaillées, et de la question des interactions entre mobilité et forme urbaine. Sont également abordées la question des formes de mobilité émergentes, tant dans les pays développés que dans les pays du Sud (Inde et Chine en particulier).

Cet axe a pour ambition de regrouper des travaux de recherche sur l’analyse des inégalités et de la pauvreté ainsi que leurs conséquences en matière de santé, de violence et conflits sociaux, de migration ou de qualité environnementale. Ce champ de recherche couvre également les enjeux de politiques publiques qui y sont associés, notamment en matière de fiscalité, de redistribution et de protection sociale. En lien avec la problématique des inégalités, des travaux plus spécifiques se concentrent sur l’analyse du processus d’émergence des classes moyennes dans les pays en développement et de ses conséquences, aussi bien dans les métropoles que dans les villes moyennes et les zones rurales, ainsi que sur les questions de perception des inégalités par rapport aux mesures objectives. Enfin, cet axe de recherche a également pour vocation d’étudier les ‘informalités’, entendues ici au sens large (emploi et activités informels, droits de propriété informels, redistribution et protection sociale informelles, etc.) et leurs différents impacts sur les conditions de vie et les inégalités.

Les travaux conduits dans le cadre du programme DVI s’appuient sur des approches méthodologiques diversifiées (méthodes empiriques qualitatives et quantitatives, théorie appliquée associée à l’économétrie structurelle, approches (quasi) expérimentales, etc.), une ouverture sur l’interdisciplinarité et un ancrage de terrain fort à travers la production de données originales dans des contextes variés. Les chercheurs du programme partagent également la volonté d’informer les décideurs publics, d’enrichir le débat sociétal et de favoriser des partenariats institutionnels. Les chercheurs du programme DVI ont noué de riches collaborations avec des institutions variées telles que l’Agence Française de Développement (AFD), l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), l’Institut Français de Pondichéry (IFP), Orange Lab, la Banque Mondiale, le Center for Equity, l’International Food Policy Research Institute (IFPRI), les collectivités locales et agences d’urbanisme françaises, etc. Ils sont également régulièrement impliqués dans des projets de recherche novateurs (Projets Région, ANR, AFD, etc.). Enfin, le programme DVI est un partenaire privilégié de deux projets de ‘Grands Programmes de Recherche’ (GPR) de l’Université de Bordeaux, à savoir le projet HOPE (Understanding human well-being and behavior for better policies and societies) sur les questions de comportements et de bien-être dans les pays riches et les économies moins avancées, ainsi que le projet IPORA (Interdisciplinary policy-oriented research on Africa) favorisant les partenariats de recherche sur les sociétés africaines.